Qu'est-ce que l'asexualité ?
le 6 juil. 2022
Alors que l'homosexualité et la bisexualité sont de plus en plus connues et acceptées au sein de la société, l'asexualité reste encore minoritaire dans les débats et les représentations sociales réelles et fictives. Si bien que cette tendance appartenant à la communauté LGBTQ+ est encore très méconnue par le plus grand nombre. Elle toucherait pourtant près d'1 % de la population. Mais qu'est-ce que l'asexualité ? Comment savoir si on est asexuel·le et comment avoir une relation de couple en étant asexuel·le ? Ce sujet étant peu abordé, il est logique de se poser de nombreuses questions auxquelles nous répondons dans cet article dédié.
Définition de l'asexualité
La définition de l'asexualité se réduit souvent au fait de ne pas faire l'amour. En vérité, c'est une véritable orientation sexuelle où la personne ne ressent pas d'attirance sexuelle ni de désir sexuel. Ici, il n'est pas question d'avoir un manque ou de se priver de relations sexuelles. Certaines personnes asexuelles pourront même avoir des rapports sexuels. En revanche, elles ne ressentiront pas de plaisirs particuliers et, généralement, se priver d'une vie sexuelle ne leur posera aucun problème. Il peut être déroutant, voire incompréhensible, pour les personnes non asexuelles de ne pas avoir de vie sexuelle, synonyme pour elles de plaisir, de jouissance et d'orgasme. Elles peuvent donc malheureusement en conclure que l'asexualité est la cause d'un problème, voire une maladie, ce qui est bien évidemment totalement faux.
Le manque de communication autour de l'asexualité renforce ce sentiment d'incompréhension aussi bien pour les personnes nonasexuelles que pour les personnes asexuels·les. Une personne asexuelle n'ayant pas de libido ni d'envies sexuelles ne ressentira aucune frustration à ne pas faire l'amour. C'est tout simplement une orientation sexuelle qui répond à des besoins et à des désirs différents de ceux des personnes non asexuelles. Dernier point, ne confondez pas une personne asexuelle et une personne asexuée ! En réalité, les personnes asexuées n'existent pas. Le fait d'être asexué signifie en fait que l'on n'a pas besoin d'un autre être vivant pour se reproduire, comme c'est par exemple le cas de certaines bactéries ou de certaines abeilles. Il faut donc bien parler d'une personne asexuelle et non d'une personne asexuée.
Comment savoir si je suis asexuel.le ?
Peut-on devenir asexuel ?
Comme pour toute orientation sexuelle, il est possible de découvrir son asexualité à tout moment. On peut le savoir depuis toujours, comme on peut s'en douter mais se le cacher, faire semblant ou encore s'en rendre compte soudainement à 50 ans, par exemple. Il n'y a aucune règle dans la découverte de son asexualité. Certains·es personnes qui s’identifieront comme asexuelles auront fait l'amour pendant plusieurs années auparavant, alors que d'autres n'auront jamais eu de rapport sexuel.
Il est également important de ne pas confondre l'attirance sexuelle et l'attirance romantique. Vous pouvez très bien ne pas ressentir de désir sexuel mais être attiré·e romantiquement par les hommes et/ou les femmes. Il peut être difficile pour une personne asexuelle de connaître son orientation sexuelle. En effet, à cause du manque d'information à ce sujet, l'asexualité et sa véritable définition sont souvent des concepts dont les personnes asexuelles elles-mêmes n'ont jamais entendu parler. Difficile dès lors de se reconnaître dans un terme qui nous est inconnu.
Pire encore, la société hypersexualisée dans laquelle nous vivons (souvent dénoncée par la communauté asexuelle) pourrait nous pousser à croire que l'absence de désir sexuel n'est pas chose normale. Une femme asexuelle ou un homme asexuel peut en conséquence croire qu'iel a un problème, et même aller jusqu'à s'imaginer malade. Or, si l'absence de relations sexuelles ne se traduit pas par un manque et/ou une frustration, et que cet état de fait ne pose aucun problème à la personne concernée, on peut considérer qu'elle a une orientation asexuelle.
Les différents types d'asexualité
L'asexualité est un spectre qui englobe différents types d'orientation, ce qui, dans un premier temps, peut rendre l'identification de cette orientation sexuelle plus compliquée. Voici quelques-unes des tendances qui composent ce spectre :
- Les hétéroromantiques : Ce sont des personnes qui ressentent une attirance romantique pour les personnes de l'autre sexe : une femme asexuelle attirée par un homme, ou un homme asexuel attiré par une femme. Cette tendance pourrait être qualifiée d'attirance romantique hétérosexuelle.
- Les homoromantiques : Ces personnes ressentent une attirance romantique pour les personnes du même sexe qu'elles.
- Les biromantiques : Ces personnes ressentent une attirance romantique pour les deux sexes, homme ou femme. C'est la version romantique de la bisexualité.
- Les panromantiques : Ces personnes ressentent des sentiments amoureux pour des personnes de n'importe quel sexe.
- Les aromantiques : Ces personnes ne ressentent aucune attirance sexuelle ou romantique.
Enfin, au-delà de l'orientation romantique, les asexuels·les peuvent tout de même avoir différents liens avec la sexualité. Certains·es d'entre elles rejetteront toute forme de sexualité en bloc jusquà pouvoir en être dégouté·e, tandis que d'autres pourront avoir des rapports sexuels réguliers par curiosité, pour conserver l'harmonie au sein de leur couple, ou pour tenter d'avoir un enfant.
Se rapprocher de la communauté asexuelle
Vous vous demandez toujours « Suis-je asexue·le » ? Il est tout à fait compréhensible de se poser des questions et d'avoir des doutes sur son orientation sexuelle, d'autant plus que le sujet de l'asexualité est encore marginalisé, voire tabou. Vous trouverez peut-être la réponse à votre question auprès de la communauté asexuelle. Bien que le sujet soit encore peu répandu, de nombreux groupes de personnes asexuelles ont vu le jour grâce à l'internet, aux réseaux sociaux et à l'émancipation du mouvement LGBTQIA+.
Les associations et forums que vous trouverez sur le web vous permettront d'échanger avec d'autres personnes asexuelles et de vous aider à avoir une vision plus claire de votre appartenance sexuelle. La présence de quelques influenceurs·euses asexuels·les sur les réseaux et dans certains médias vous permettra également de vous informer sur leur quotidien, de découvrir leur témoignage, leurs idées et leurs ressentis face à leur propre expérience de l'asexualité. Toutes ces informations vous aideront à vous positionner et à vous identifier sexuellement.
Quelle est la différence entre l'asexualité et l'abstinence ?
L'asexualité n'est pas à confondre avec l'abstinence. En effet, contrairement à l'asexualité, l'abstinence n'est pas une orientation sexuelle et ne relève pas toujours d'un choix. L'abstinence génère un manque, et ce manque se traduit par une privation et une frustration. L'abstinence peut durer plus ou moins longtemps et être causée par plusieurs facteurs. On peut par exemple être privé·e de relations sexuelles sur une période assez courte qui correspond à une menstruation ou à une situation familiale temporaire qui ne permet pas de faire l'amour à ce moment-là, mais également en être privé·e à cause d'une maladie de courte durée qui se traduit une incapacité à faire l'amour.
L'abstinence peut aussi être le résultat de troubles psychologiques lorsque le rapport de la personne à la sexualité est une problématique ou lorsque la personne est angoissé·e ou déprimé·e. Une abstinence prolongée peut provoquer des frustrations profondes et avoir des conséquences importantes sur le moral. L'abstinence religieuse est également à différencier de l'asexualité. Même si ce dernier type d'abstinence est un choix et que le manque qui en résulte est peut-être plus facile à gérer, elle n'exclut pas pour autant l'attirance sexuelle.
Asexualité ou manque de libido ?
Il est très fréquent de connaître des périodes où l'on a moins envie d'avoir des rapports sexuels, et il existe de nombreuses raisons qui peuvent faire baisser la libido sur une période plus ou moins longue : des problèmes au travail, le stress, la fatigue, les obligations familiales, les problèmes de couple,... La différence entre le manque de libido et l'asexualité se définit principalement par si oui ou non il y a attirance sexuelle (que ce soit pour son·sa partenaire attitré·e ou pour quelqu'un d'autre) et par l'importance du manque ressenti.
Pour savoir si vous manquez de libido ou si vous pourriez être asexuel·le, vous pouvez tenter de rebooster votre libido et voir si le désir sexuel refait surface ou pas. Pour cela, faites le nécessaire pour atteindre le septième ciel ! Orientez-vous vers des sextoys, des stimulateurs pour clitoris ou d'autres jouets sexuels et voyez si cela vous excite ou pas. Si le désir sexuel ne refait pas surface et que vous vous posez toujours des questions, nous vous conseillons de vous diriger vers un professionnel de santé comme un·e sexologue, un·e sexothérapeute ou un·e psychologue. Si le désir sexuel ne s'est jamais réellement manifesté chez vous, il est probable que vous soyez asexuel·le.
Comment être en couple sans attirance sexuelle ?
Ne pas avoir de vie sexuelle n'empêche nullement d'avoir une belle relation de couple. La tendresse, le romantisme, l'intimité et la vie de famille pourront être tout aussi forts au sein d'un couple asexuel que non asexuel. Le rapport au sexe sera en revanche différent. Tout dépendra de l'orientation sexuelle de l'autre partenaire. Si le couple est composé de deux personnes asexuelles, il sera peut être plus facile de trouver une entente sur le plan sexuel. Par contre, si l'une des deux personnes ressent du désir sexuel pour l'autre, il sera primordial d'aborder le sujet dès que possible pour trouver des solutions.
Certaines personnes asexuelles prennent plaisir à avoir quelques rapports sexuels sans réelle jouissance, ce qui peut aider à conserver l'harmonie du couple. Mais ce peut être plus difficile si l'une des deux personnes est totalement opposée à la sexualité et/ou si l'une des deux personnes a une forte libido. Si vous êtes d'accord, vous pourrez peut-être envisager la masturbation ou l'échangisme comme solution à ce problème.
Faites-vous du bien